allé. Çà et là sur le chemin, des empreintes laissées par la patte et les griffes de l’ours, et, à côté les traces des lapti d’un paysan. La bête doit avoir pris la direction du village.
Nous partons sur le chemin. Démian me dit :
— Maintenant, c’est inutile de regarder sur la route, qu’il l’ait quittée à droite ou à gauche, on le verra sur la neige ; s’il a tourné quelque part, il n’est pas allé au village.
Après avoir parcouru à peu près une verste, nous voyons que la piste tourne devant nous. Nous regardons : chose étrange ! la trace ne va pas du chemin à la forêt, mais de la forêt au chemin, comme l’indiquent les griffes dirigées vers le chemin.
— C’est un autre ours, dis-je.
Démian regarda, réfléchit et dit :
— Non, c’est le même, seulement, il s’est mis à ruser. Il a quitté le chemin à reculons.
Nous suivîmes la piste. Démian ne s’était pas trompé : l’ours était sorti du chemin à reculons, avait fait ainsi une dizaine de pas, puis, s’abritant derrière un sapin, s’était retourné et sauvé droit devant lui.
Démian s’arrêta :
— Maintenant, dit-il, nous le traquerons, sûrement. Il n’a plus que ce marais où s’arrêter. Allons le détourner.
Nous entrâmes dans l’épaisse forêt de sapins. J’étais déjà las, la marche devenait plus pénible.