Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/29

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exemple, on trouve chez Bounakov le petit récit suivant, le seul qui n’ait pas l’air emprunté à d’autres ouvrages[1].

« Un paysan vint se plaindre à un chasseur de ses ennuis : un renard lui a dérobé deux poulets et un canard, et il ne craint nullement le chien de garde Stchegol qui est attaché à une chaîne et aboie toute la nuit. Le paysan a essayé de tendre un piège avec un morceau de viande rôtie. Le lendemain matin, aux traces fraîches laissées sur la neige, il a constaté que le rusé renard roux avait rôdé autour de la maison, mais n’était pas tombé dans le piège. Le chasseur, ayant écouté le récit du paysan, lui dit : — « Eh bien, maintenant, nous verrons qui l’emportera en ruse ! » Toute la journée, le chasseur, avec son fusil et ses chiens, suivit les traces du renard pour savoir par où il pénétrait dans la cour. Durant le jour, le rusé dormait dans son trou et ne se méfiait de rien. Le moment était propice pour le prendre. Sur son chemin le chasseur creusa un trou, le recouvrit de planches, de terre et de neige et, à quelques pas de là, il plaça un morceau de cheval crevé. Le soir, armé d’un fusil, il s’installa à son poste d’observation de manière à tout voir, et à tirer au moment favorable, et il attendit. La nuit vint. La lune monta lentement. Le renard, prudemment, sortit de son trou, leva le nez, flaira et, aussitôt, sentit

  1. Leçons de lecture de M. Bounakov, liv. III.