Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/296

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Comment un Voleur se trahit lui-même.
Histoire vraie.

Un voleur entra une nuit dans le grenier d’un marchand. Il s’empara de toutes les pelisses et de toute la toile qu’il trouva, puis il voulut descendre ; mais il fit un faux pas, s’accrocha à l’huis de la porte, ce qui fit du bruit. Le marchand, entendant du bruit au-dessus de sa tête, réveilla son domestique et monta avec lui au grenier, une chandelle à la main.

L’ouvrier, encore tout endormi, dit au marchand :

— À quoi bon chercher, il n’y a personne ; c’est peut-être un chat.

Néanmoins, le marchand monta. Dès que le voleur entendit venir quelqu’un, il remit tout en place et chercha une cachette. Il aperçut un énorme ballot. C’était du tabac en feuilles. Il écarta le tabac, se glissa au milieu et se recouvrit de tabac. De sa cachette, il vit les deux hommes qui marchaient et causaient. L’un d’eux disait :

— Je viens d’entendre un bruit produit par quelque chose de lourd.

L’ouvrier demanda :

— Mais qui est-ce qui peut faire ce bruit ? Un chat peut-être ou un farfadet.