Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/336

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aux pans, à la poitrine, aux manches, et elle n’avait pas de ceinture. Elle portait un pantalon, et ses souliers fins étaient protégés par d’autres souliers à hauts talons. Un collier fait de demi-roubles russes ornait son cou. Elle était tête nue, sa longue tresse noire nouée par un ruban auquel étaient attachés quelques ornements en métal et un rouble d’argent.

Son père lui ordonna quelque chose ; elle partit et revint avec une petite cruche en fer étamé. Elle tendit sa cruche à Jiline et, vite, s’accroupit de telle manière que ses genoux dépassaient ses épaules. Elle le regardait boire, ouvrant de grands yeux comme devant un animal quelconque.

Jiline voulut lui rendre la cruche. Elle fit un bond en arrière comme une chevrette sauvage. Son père même en éclata de rire. Il l’envoya encore quelque part. Elle prit la cruche et sortit du hangar en courant. Elle revint presque aussitôt, rapportant du pain sur une longue planche. Elle s’accroupit de nouveau et ne quitta pas des yeux Jiline.

Enfin, les Tatars s’en allèrent en refermant la porte sur Jiline.

Un peu après, le Nogaï entra et dit à Jiline :

— Aïda ! patron, aïda !

Lui aussi ne savait pas le russe.

Jiline comprit que le Nogaï lui ordonnait de se lever et de le suivre. Il sortit en boitant, à cause des entraves qu’il avait aux jambes : il vit devant lui