Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/337

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un village tatar d’une dizaine de huttes, avec son minaret.

Près d’une hutte, des enfants tenaient par la bride trois chevaux sellés. Le Tatar brun sortit de cette hutte, et, de la main, fit signe à Jiline d’entrer. Toujours souriant et baragouinant, il franchit le seuil et Jiline le suivit.

La salle était assez convenable ; les murs étaient badigeonnés d’ocre jaune ; plusieurs couettes de plume, de couleurs diverses, étaient entassées au fond de la pièce ; de riches tapis étaient suspendus aux murs. Des fusils, des pistolets, des sabres, tous en argent, étaient accrochés sur les tapis ; une niche, pratiquée dans un coin de la salle, contenait un petit poêle à niveau du sol ; la terre battue qui servait de parquet était bien propre ; un coin de la salle était tapissé de feutre. Là étaient posés des tapis et dessus des coussins de plume. Des Tartares étaient assis sur ces tapis : le brun et le roux et trois invités ; tous étaient adossés à des coussins de plume. Devant eux des plateaux de bois, de forme ronde, étaient garnis de crêpes de millet, de beurre fondu, dans des tasses, et, dans une cruche, de la bière tatare. Ils mangeaient avec leurs mains ; et tous leurs doigts étaient graisseux.

Le brun se leva, ordonna à Jiline de se tenir à l’écart, non sur le tapis, mais sur la terre nue ; puis il se rassit et invita ses hôtes à prendre des crêpes et de la bière.