Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/407

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le puits. Ils s’attroupèrent autour de la margelle, criant tous à la fois ; mais nul ne savait ce qu’il fallait faire.

Le jeune charpentier Ivan fendit la foule, s’approcha du puits, saisit la corde, et s’asseyant sur le bâton, ordonna qu’on le descendît. Ivan s’attacha seulement à la corde par la ceinture.

Deux paysans le descendirent, tandis que tous les autres regardaient dans le puits pour voir ce qui arriverait à Ivan.

Dès qu’il fut près de l’eau, il lâcha la corde et serait tombé la tête la première s’il n’eût été retenu par la ceinture. Tout le monde s’écria :

— Retire-le !

Et on retira Ivan.

Il était suspendu par la ceinture, comme un mort. Sa tête pendait aussi et heurtait contre les parois. Son visage était violacé. Il fut saisi, détaché, couché à terre. On le croyait mort. Mais soudain, il respira lourdement, toussa, et revint à lui.

Alors on voulut redescendre, mais un vieux paysan déclara qu’on ne le pouvait pas parce qu’il y avait dans le puits du mauvais air et que ce mauvais air tuait les hommes. Alors les paysans coururent chercher des crocs et se mirent à retirer le starosta et la femme.

La femme et la mère du starosta poussaient des cris lamentables près du puits. On les consolait, et les paysans, ayant accroché leurs crocs, essayèrent