Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/409

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tandis qu’un chien, à peine entré, perd la respiration.

D’où vient ce mauvais air ? Il vient de ce même bon air que nous respirons. Lorsqu’on entasse un grand nombre de gens dans une pièce dont les portes et les fenêtres sont si hermétiquement closes que l’air frais du dehors n’y puisse accéder, il se forme le même air qu’au fond du puits, et les gens meurent asphyxiés.

Il y a une centaine d’années, à la guerre, les Indous firent prisonniers cent quarante-six Anglais et les enfermèrent dans un souterrain où l’air ne pouvait pénétrer.

Au bout de quelques heures les prisonniers commencèrent à haleter, et à la fin de la nuit, cent vingt-trois d’entre eux étaient morts. Les autres sortirent à peine vivants et gravement malades.

Au début, l’air du souterrain était bon ; mais quand les prisonniers eurent respiré tout le bon air, comme il ne se renouvelait pas, il se forma un air irrespirable, semblable à celui du puits, et ils moururent.

Pourquoi le bon air se change-t-il en mauvais air, là où les gens sont entassés en grand nombre ? Parce que les gens, quand ils respirent, absorbent le bon air et rejettent le mauvais.