Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/417

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garde autour de soi et si l’on écoute, on ne voit partout que la neige, les rivières gelées, les herbes desséchées sous la neige, les arbres nus. Tout est immobile.

En été, au contraire : les rivières courent avec bruit ; dans la plus petite mare, les grenouilles sautent, coassent ; les oiseaux volettent çà et là, pépient, chantent ; les mouches et les cousins tournoient en bourdonnant ; les arbres, les herbes croissent et se balancent au vent.

Faites geler de l’eau dans une marmite en fonte, elle deviendra solide. Mettez la marmite d’eau gelée sur le feu, la glace se crevassera, fondra, remuera un peu ; l’eau tressaillira, dégagera des bulles ; puis, se mettant à bouillir, elle sautera en tourbillonnant. Ainsi va le monde : pas de chaleur, tout est mort ; que vienne de la chaleur, tout se meut et vit. Peu de chaleur, peu de mouvement ; plus de chaleur, plus de mouvement ; beaucoup de chaleur, beaucoup de mouvement ; encore plus de chaleur, encore plus de mouvement.

D’où vient la chaleur de notre globe ? Du soleil. Le soleil est bas, en hiver, ses rayons obliques, ne pénètrent pas dans la terre ; rien ne bouge. Commence-t-il à s’élever plus haut, au-dessus de nos têtes, et à darder sur la terre, tout l’univers se réchauffe et se met en mouvement : la neige fond, la glace s’échauffe ; sur les rivières, les eaux se précipitent des sommets, et des vapeurs s’élèvent