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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/45

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comment peuvent-ils se mettre dans une situation si étrange et se tromper si profondément ?

Cette question m’a tourmenté et je tâcherai de donner la réponse que j’en ai trouvée. Les causes de ce fait sont nombreuses. La plus naturelle, qui a amené la pédagogie sur cette voie fausse où elle se trouve, c’est la critique de l’ancienne méthode, la critique pour la critique sans remplacer par de nouveaux principes ceux qu’on a rejetés. Tout le monde sait que la critique est facile et qu’elle est absolument inutile, sinon funeste, lorsqu’on ne montre pas les principes sur quoi l’on s’appuie pour critiquer. Si l’on dit : « c’est mal » parce que cela ne plaît pas, ou parce que c’est l’opinion générale, ou même parce que c’est en effet mal, mais qu’on ne sait comment faire mieux, alors cette critique sera toujours inutile et nuisible. Les opinions des pédagogues de la nouvelle école sont basées avant tout sur la critique des procédés anciens. Même maintenant, alors que de toute vraisemblance on ne peut plus frapper ce qui est à terre, dans chaque manuel, dans chaque causerie, nous lisons et entendons qu’il est pernicieux de lire sans comprendre, qu’on ne peut pas apprendre par cœur la définition du nombre et les opérations arithmétiques, qu’apprendre par cœur sans comprendre est nuisible, ainsi que de savoir opérer sur des millions sans savoir compter 2 et 3, etc. Le point de départ principal, c’est la critique des vieux procédés et l’invention de nouveaux le