Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol14.djvu/454

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flèches qui frappèrent ses flancs et trouèrent sa peau blanche. Soukhman-la-Lumière retira les flèches de ses côtes, et ferma ses plaies ensanglantées avec des feuilles de coquelicots, et, avec son couteau, il égorgea les trois jeunes Tatars. Soukhman revint chez le prince Vladimir. Il attacha son cheval à un piquet et lui-même pénétra dans la salle du festin. Vladimir-le-Prince-le-Beau-Soleil se promène à travers la salle. Il demande au chevalier Soukhman :

— « Eh bien ! Soukhman, m’apportes-tu un cygne blanc non ensanglanté ? »

Et Soukhman dit les paroles suivantes :

— « Oh ! Vladimir-le-Prince, au bord du Dniéper je n’avais pas à penser aux cygnes. Au delà du fleuve Dniéper, j’ai rencontré une armée de quarante mille méchants Tatars qui marchaient sur la ville de Kiev. Ils construisaient des ponts du matin au soir que le fleuve Dniéper emportait la nuit. Mais il était à bout de forces. Alors, je lançai mon coursier contre les Tatars et je les battis tous, jusqu’au dernier ! »

Vladimir-le-Prince-le-Beau-Soleil n’eut pas foi en ces paroles. Il ordonna à ses fidèles serviteurs de prendre Soukhman par ses bras blancs et de l’enfermer dans de profonds caveaux, et il envoya vers le Dniéper Dobrinouchka pour s’assurer des récits de Soukhman.

Dobrinouchka se dressa sur ses jambes agiles, il