Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/279

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IV

Il n’y a, à vrai dire, à Pétersbourg, qu’un seul grand cercle : tous ceux qui en font partie se connaissent et se fréquentent, mais, dans ce grand cercle, il y a des subdivisions. Anna Arkadiévna Karénine avait des amis et des liens étroits dans les trois groupes qui existaient. Le premier se recrutait dans le milieu officiel, celui de son mari ; il était composé de ses collègues et de ses subordonnés, liés ou divisés, dans les conditions sociales, de la façon la plus diverse et la plus capricieuse. Anna avait peine à se rappeler ce sentiment de pieux respect qu’elle éprouvait les premiers temps pour ces personnages ; maintenant qu’elle les connaissait tous, comme on se connaît dans les villes de province, elle remarquait le fort et le faible de chacun, et savait où le bât les blessait ; elle connaissait leurs relations réciproques, leurs protections, leurs liaisons et leurs querelles. Mais ce