Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/280

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cercle des intérêts gouvernementaux et sérieux ne l’avait jamais attirée, malgré les exhortations de la comtesse Lydie Ivanovna, et au contraire elle cherchait à l’éviter.

L’autre groupe, que fréquentait Anna, était celui par lequel Alexis Alexandrovitch avait fait sa carrière : la comtesse Lydie Ivanovna en était le pivot. C’était le cercle des femmes âgées, laides, riches, pieuses, et des hommes intelligents, savants et ambitieux. Un des hommes éminents de ce cercle l’appelait « la conscience de la société pétersbourgeoise. » Alexis Alexandrovitch appréciait fort ce cercle et Anna, qui s’accommodait si facilement de tout le monde, les premières années de son séjour à Pétersbourg, s’y créa aussi des amis. Mais, depuis son retour de Moscou, cette société lui était insupportable ; parmi tous ces gens, dont l’attitude lui semblait feinte, elle se trouvait si mal à l’aise et si ennuyée, qu’elle allait le moins possible chez la comtesse Lydie Ivanovna.

Enfin, le troisième groupe où Anna avait des relations, constituait ce qu’on appelle plus particulièrement le monde, le monde des bals, des dîners, des brillantes toilettes ; cette société se rattachait d’un côté à la cour, évitant ainsi de tomber jusqu’au demi-monde qu’elle méprisait mais dont les goûts offraient non seulement de l’analogie mais une parfaite identité avec les siens. Elle était liée à ce cercle par la princesse Betsy Tverskaïa, la