Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/286

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son où ils allaient. La belle monte rapidement à l’étage supérieur… Ils n’ont que le temps d’apercevoir des lèvres rouges au-dessous de la voilette courte et de jolis petits pieds.

— Votre récit est si enthousiaste, que je crois que vous-même êtes un des deux jeunes gens.

— Et que me disiez-vous à l’instant ? Eh bien, les jeunes gens entrent chez leur camarade, c’est son dîner d’adieu. Là, en effet, ils boivent peut-être un peu trop, comme il arrive toujours à un dîner d’adieu. Pendant le repas, ils s’informent, cherchant à savoir qui habite à l’étage supérieur. Personne ne le sait ; seul le valet, à qui ils demandent s’il y a en haut des demoiselles, répond qu’il y en a beaucoup dans la maison. Après le dîner, les jeunes gens passent dans le cabinet de travail de leur hôte où ils écrivent à l’inconnue une déclaration passionnée et eux-mêmes la portent à l’étage supérieur pour expliquer ce qui, dans la lettre, ne serait pas tout à fait compréhensible.

— Pourquoi me racontez-vous une vilaine histoire ? Ensuite ?

— On sonne. Paraît la femme de chambre ; ils remettent la lettre et affirment à la bonne que tous deux sont amoureux et prêts à mourir sur-le-champ. Mais de la porte, la femme de chambre, étonnée, engage des pourparlers. Tout à coup paraît un monsieur à favoris en saucissons, rouge comme une écrevisse, qui déclare qu’il n’y a chez