Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/292

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et la porcelaine transparente du service à thé. La maîtresse s’assit devant le samovar et ôta ses gants. Les invités prirent des sièges, avec l’aide des valets qui se tenaient dissimulés, et s’installèrent en deux groupes : les uns près du samovar, à côté de la maîtresse du logis, et les autres, à l’autre bout du salon, autour de la jolie femme d’un ambassadeur, vêtue d’une robe de velours noir et dont les sourcils foncés offraient une courbe délicate. Dans les deux groupes, la conversation, comme il arrive toujours, fut d’abord très vague, interrompue par les saluts, par l’offre de thé, comme si l’on cherchait sur quoi s’arrêter.

— Elle est remarquablement belle comme actrice ; on dit qu’elle a étudié Kaulbach, disait un diplomate dans le groupe de l’ambassadrice. Avez-vous remarqué comme elle est tombée !

— Ah ! s’il vous plaît, ne parlez pas de Nilsonn on ne peut rien dire de nouveau sur elle, reprit une grosse femme blonde, rouge, sans sourcils ni chignon, vêtue d’une vieille robe de soie. C’était la princesse Miagkaia, connue pour la simplicité, la vulgarité de ses manières et surnommée l’enfant terrible.

La princesse Miagkaïa était assise entre les deux groupes et se mêlait à la conversation de l’un et de l’autre.

— Aujourd’hui trois personnes m’ont dit cette même phrase sur Kaulbach, comme s’ils s’étaient