Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais je ne songe nullement à la blâmer ! se justifia l’amie d’Anna.

— Si aucune ombre ne nous suit, ce n’est pas une raison suffisante pour avoir le droit de la blâmer.

Et ayant ainsi remis à sa place l’amie d’Anna, la princesse Miagkaia se leva et, avec la femme de l’ambassadeur, se joignit à la table où l’on causait du roi de Prusse.

— De qui avez-vous encore médit ? demanda Betsy.

— Des Karénine. La princesse faisait la caractéristique d’Alexis Alexandrovitch, répondit la femme de l’ambassadeur, avec un sourire, en s’asseyant à la table.

— C’est dommage que nous n’ayons pas entendu, répartit la maîtresse du logis, le regard fixé sur la porte d’entrée.

— Ah ! vous voilà enfin ! dit-elle à Vronskï qui entrait.

Non seulement Vronskï connaissait toutes les personnes présentes, mais il les voyait chaque jour. C’est pourquoi il entra avec l’air indifférent qu’on a en revenant chez des gens qu’on vient de quitter.

— Vous semblez désirer savoir d’où je viens ? fit-il, répondant à la question de la femme de l’ambassadeur. Pas moyen d’inventer, il faut avouer. Des Bouffes. Je crois que c’est pour la centième fois et c’est toujours avec un nouveau plaisir. C’est