Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/449

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— Oui, c’est émouvant, mais on ne peut s’en détacher, dit une autre dame. Si j’avais été Romaine, je n’aurais pas manqué une seule représentation du cirque.

Amna ne disait rien et sans quitter la jumelle regardait ailleurs.

À ce moment, un général de haute taille traversa la tribune. Alexis Alexandrovitch s’interrompit hâtivement mais avec dignité, se leva et salua bas l’officier qui passait.

— Vous ne courez pas ? plaisanta l’officier.

— Ma course est plus difficile, répondit avec déférence Alexis Alexandrovitch.

Et bien que la réponse ne signifiât rien, l’officier prit l’air d’avoir reçu la réponse intelligente d’un homme spirituel et d’avoir parfaitement compris la pointe de la sauce.

— Il y a deux partis, continua Alexis Alexandrovitch : les acteurs et les spectateurs, et l’amour de ces spectacles est l’indice le plus sûr de l’infériorité de développement des spectateurs, mais…

— Princesse, voulez-vous parier ? dit Stépan Arkadiévitch en s’adressant à Betsy. Pour qui pariez-vous ?

— Moi et Anna, pour le prince Kouzovlev, répondit Betsy.

— Moi pour Vronskï. Une paire de gants ?

— Ça va.

— Et comme c’est beau, n’est-ce pas ?