Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/162

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femme charmante, n’était qu’un simple capitaine auquel on laissait la liberté de rester indépendant tout à son aise.

« Certes, se disait-il, je ne suis pas jaloux du succès de Serpoukhovskoï, néanmoins, son avancement me prouve qu’il suffit d’attendre et qu’un homme comme moi peut faire rapidement son chemin. Il y a seulement trois ans, il en était au même point que moi. En donnant ma démission, je brûle mes vaisseaux ; en restant au contraire au service, je ne perds rien. D’ailleurs ne m’a-t-elle pas dit qu’elle ne voulait rien changer à sa situation ? Et possédant son amour, puis-je envier le sort de Serpoukhovskoï ! »

Tout en tortillant lentement ses moustaches, il quitta la table et fit le tour de la chambre. Ses yeux brillaient d’un éclat particulier ; il se sentait l’esprit net, calme et joyeux, résultat habituel de la mise à jour de ses affaires. Satisfait d’y voir clair dans son esprit comme dans ses comptes, il se rasa, s’habilla, prit un bain froid et se disposa à sortir.