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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/190

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poursuivit-il d’une voix brève et sifflante, — je vous répète que je ne suis pas obligé de le savoir. Je veux l’ignorer. Toutes les femmes n’ont pas comme vous la complaisance d’annoncer à leurs maris une aussi agréable nouvelle (il accentua particulièrement le mot agréable). J’ignore tout tant que le monde ne saura rien, tant que mon nom ne sera pas livré au déshonneur. C’est pourquoi je vous préviens que nos relations doivent rester telles qu’elles ont toujours été, et que je ne me résoudrais à prendre les mesures nécessaires pour mettre mon honneur à l’abri que dans le cas où vous vous compromettriez.

— Mais nos relations ne peuvent plus être ce qu’elles étaient autrefois… dit-elle d’une voix timide, en le regardant avec effroi.

Elle le retrouvait tel qu’auparavant avec ses mêmes gestes calmes, sa même voix aigre et railleuse et une vive sensation de dégoût succédait en elle-même à la pitié qu’elle avait un moment ressentie pour lui. Elle se sentait subitement envahie par la peur, néanmoins il lui fallait coûte que coûte établir nettement leurs rapports.

— Je ne puis être votre femme, quand je… commença-t-elle.

Il eut un rire froid et méchant.

— Le genre de vie que vous avez choisi influe probablement sur vos idées ; mais le respect et le mépris que j’éprouve à la fois pour votre conduite