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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/326

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— Eh bien ! l’as-tu vu ? dit Alexis Alexandrovitch avec un sourire venimeux.

— Oui. Hier il est venu à la chancellerie. Il a l’air de bien connaître son affaire et d’être très actif.

— Sans doute, mais à quoi s’applique son activité ? À faire quelque chose ou à refaire ce qui est déjà fait ? La plaie de notre pays, c’est cette administration paperassière dont il est le digne représentant.

— Vraiment, je ne sais pas ce qu’on peut lui reprocher. Je ne connais pas ses opinions, mais c’est un brave garçon, objecta Stépan Arkadiévitch. Je sors de chez lui, il est réellement charmant. Nous avons déjeuné ensemble et je lui ai appris à faire… tu sais… cette boisson… du vin avec des oranges… C’est très rafraîchissant… Et c’est étonnant, il ne connaissait pas cela… Cela lui plaît beaucoup… Non, vraiment, c’est un excellent garçon…

Stépan Arkadiévitch regarda sa montre.

— Ah, mon Dieu ! Il est déjà plus de quatre heures, et je dois encore aller voir Dolgovouchine. Alors je t’en prie, viens dîner, tu ne saurais t’imaginer combien tu nous attristerais, moi et ma femme, en ne venant pas.

Alexis Alexandrovitch accompagna son beau-frère, déjà tout autrement qu’il ne l’avait reçu à son arrivée.