Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/367

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serrant avec attendrissement la main de Lévine.

— Non, non ! fit celui-ci.

Daria Alexandrovna, en lui disant adieu, eut aussi l’air de le féliciter quand elle lui dit :

— Comme je suis heureuse que vous vous soyez rencontré de nouveau avec Kitty ! Il faut s’en tenir aux vieilles amitiés.

Ces paroles furent désagréables à Lévine. Daria Alexandrovna ne pouvait pas comprendre à quelle hauteur inaccessible pour elle il plaçait son bonheur, aussi n’aurait-elle pas dû oser en parler devant lui. Lévine prit congé d’eux, mais ne pouvant rester seul il s’accrocha à son frère.

— Où vas-tu ?

— Moi, au conseil.

— Eh bien, je t’accompagne, veux-tu ?

— Pourquoi pas ? Allons, dit en souriant Serge Ivanovitch. Qu’as-tu donc aujourd’hui ?

— Moi ? C’est le bonheur ! — répondit Lévine en abaissant la glace de la voiture. — Cela ne te gêne pas ? On étouffe ! C’est le bonheur ! Pourquoi ne t’es-tu pas marié ?

Serge Ivanovitch sourit.

— Je suis très heureux pour toi… et je crois que c’est une brave fille… commença Serge Ivanovitch.

— Ne dis rien ! Ne dis rien ! cria Lévine, saisissant à deux mains le col de sa pelisse et lui en fermant la bouche.

« C’est une brave fille. » Ces paroles si simples,