Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/368

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si banales ne correspondaient point à ses sentiments. Serge Ivanovitch rit gaiement, ce qui arrivait rarement.

— Cependant, laisse-moi te dire que j’en suis très heureux…

— Demain, demain, rien de plus ce soir ! Rien, rien, le silence, dit Lévine en lui fermant de nouveau la bouche avec le col de sa pelisse ; et il ajouta : — Je t’aime beaucoup… peut-on aller avec toi au conseil ?

— Sans doute, on peut.

— Que discute-t-on aujourd’hui ? demanda Lévine sans cesser de sourire.

Ils arrivèrent au conseil. Lévine écouta le secrétaire lire en bégayant le procès-verbal qu’évidemment il ne comprenait pas lui-même ; mais à sa physionomie il jugea que ce secrétaire était un bon et brave homme. Cela se voyait à la gêne qu’il éprouvait en lisant le procès-verbal. Ensuite commencèrent les discours. On discuta la fixation de sommes quelconques, et la pose de tuyaux également quelconques, et Serge Ivanovitch prit à partie deux membres du conseil contre lesquels il prononça victorieusement un long discours.

Un autre personnage, en s’aidant de notes écrites, commença à parler d’abord timidement, puis avec beaucoup de verve et d’agrément. Ensuite Sviajskï (il se trouvait là aussi) prononça une allocution pleine de noblesse et d’élégance. Lévine en les