Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/265

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la rougeur de l’émotion joyeuse et craintive qui se répandit sur son visage, il resta confus lui-même et lui sourit d’une façon trop expressive. « S’il en est ainsi, se dit-il, je dois réfléchir et ne pas m’abandonner comme un gamin à un entraînement passager. »

— Je vais chercher des champignons tout seul, dit-il, sans quoi mes trouvailles passeront inaperçues.

Il partit seul, et quittant la lisière du bois où ils marchaient sur l’herbe basse, parmi de vieux et rares bouleaux, il s’enfonça dans le bois où les bouleaux se mêlaient aux ormes gris et aux bouquets vert-sombre des noisetiers. Après avoir fait une quarantaine de pas, il s’arrêta derrière un bouquet de noisetiers en pleine floraison d’où il était sûr de ne pas être vu. Autour de lui tout était silencieux, sauf qu’en haut du bouleau sous lequel il se trouvait des mouches bourdonnaient comme une ruche d’abeilles et que, de temps en temps, résonnaient les voix des enfants.

Tout à coup, de la lisière du bois, Serge Ivanovitch entendit la voix grave de Varenka qui appelait Gricha, et un sourire joyeux éclaira son visage. Il hocha la tête, mécontent de lui-même, et, prenant un cigare, voulut l’allumer. Mais il avait de la peine à faire prendre l’allumette sur le tronc du bouleau : l’écorce blanche, très tendre, se collait au phosphore et la flamme s’éteignait. Enfin une