Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/305

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ses bottes et examinant son fusil avec une expression concentrée, voyez-vous cet endroit ? — Il désigna un petit îlot de verdure sombre au milieu d’un champ à moitié fauché, du côté droit de la rivière. — Le marais commence là, droit devant vous, où vous voyez cette verdure. De là il s’étend à droite, où paissent les chevaux ; là nous trouverons des bécasses, ainsi qu’autour de cet endroit, jusqu’au moulin. Tu vois là-bas, cette espèce de golfe ; c’est le meilleur endroit. Une fois j’y ai tué dix-sept bécasses. Nous nous séparerons en deux camps, un chien pour chacun, et nous nous rejoindrons là-bas, près du moulin.

— Eh bien, qui à droite et qui à gauche ? demanda Stépan Arkadiévitch. À droite, c’est plus large ; allez tous deux, moi je prendrai la gauche, dit-il sans hésiter.

— C’est ça ! dit Vassenka. Nous l’examinerons ainsi de tous les côtés. Allons !

Lévine dut accepter cet arrangement et ils partirent. Dès qu’ils entrèrent dans les marais, les deux chiens se mirent à flairer. Lévine connaissait cette quête de Laska, prudente et vague ; il connaissait aussi l’endroit où il trouverait une compagnie de bécasses.

— Veslovski, marchez à côté ! chuchota-t-il à son compagnon qui le suivait, marchant dans l’eau, et dont il se méfiait depuis l’aventure du coup de fusil.