réné par l’opinion qu’on avait à Moscou sur les questions d’argent. Bartniantski, qui menait un train de 50.000 roubles par an, avait eu la veille un mot admirable à ce sujet. Avant le dîner, pendant la conversation, Stépan Arkadiévitch lui avait dit :
— Il me semble que tu es bien avec Mordvinski, tu peux me rendre un service : dis-lui un mot en ma faveur. Il y a une place que je voudrais obtenir : membre de la commission…
— C’est trop long ? Je ne me rappellerai pas… seulement quel désir as-tu de te mêler de ces affaires de chemins de fer avec des Juifs ? Tout ce que tu voudras, ce ne sont pas des affaires propres…
Stépan Arkadiévitch ne lui objecta pas que c’était une affaire très vivante. Bartniantski ne l’aurait pas compris.
— J’ai besoin d’argent… Je n’ai pas de quoi vivre.
— Mais tu vis cependant ?
— Oui, avec des dettes.
— Hein ? Beaucoup ? fit Bartniantski avec compassion.
— Oh oui ! près de 20.000 roubles.
Son interlocuteur éclata de rire :
— Oh ! l’heureux mortel ! dit-il. Moi, j’ai un million et demi de dettes, et ne possède rien, et comme tu vois, on vit quand même.