Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/171

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— Non ! dit-elle mécontente de ce changement de conversation par lequel il lui montrait si nettement qu’elle était irritée. Cette nouvelle du divorce ne me touche pas au point qu’il fallait me la cacher. J’ai dit que je n’y voulais pas penser et je désire que tu ne t’y intéresses pas plus que moi.

— Je m’y intéresse parce que j’aime les situations nettes.

— La netteté n’est pas dans la forme, mais dans l’amour, dit-elle, énervée de plus en plus, non par les paroles de Vronskï mais par son ton froid et calme. Pourquoi donc le désires-tu ?

« Mon Dieu, encore de l’amour ! » pensa-t-il, faisant la grimace.

— Tu sais bien pourquoi. À cause de toi et des enfants que nous aurons.

— Les enfants ? Nous n’en aurons plus.

— C’est dommage.

— Pour toi c’est nécessaire à cause des enfants, et à moi, tu ne penses pas ? dit-elle oubliant ou n’ayant pas remarqué qu’il avait dit : « à cause de toi et des enfants ».

La question des enfants l’agaçait depuis longtemps. Le désir de Vronskï d’avoir des enfants était pour elle la preuve qu’il n’attachait aucun prix à sa beauté.

— Mais j’ai dit : pour toi, surtout pour toi, répéta-t-il en faisant une grimace comme s’il avait ressenti une douleur ; pour toi, car je suis convaincu