Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et comme se tenaillant à plaisir le cœur, Anna monta l’escalier.

— Y a-t-il quelqu’un ? demanda-t-elle dans l’antichambre.

— Catherine Alexandrovna Lévine, répondit le valet.

« Kitty ! Cette même Kitty, dont Vronskï était amoureux, pensa Anna. Celle qu’il se rappelle avec amour. Il regrette de ne pas l’avoir épousée ; tandis que pour moi il n’a que de la haine et le regret de s’être lié. »

Au moment de l’arrivée d’Anna, les deux sœurs étaient en conférence au sujet de l’allaitement de l’enfant. Dolly sortit seule recevoir la visiteuse qui les interrompait.

— Tu n’es pas encore partie ? Je voulais aller chez toi, dit-elle. J’ai reçu aujourd’hui une lettre de Stiva.

— Nous aussi, nous avons reçu un télégramme, dit Anna, regardant autour d’elle pour voir Kitty.

— Il écrit qu’il n’a pas compris ce que voulait Alexis Alexandrovitch, mais il ne partira pas sans une réponse.

— Je croyais que tu avais quelqu’un… Peut-on lire la lettre ?

— Oui, Kitty est chez moi, dit Dolly gênée. Elle est restée dans la chambre des enfants… Elle a été très malade.

— Oui, je l’ai entendu dire… Peut-on lire la lettre ?