Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/22

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Il avait prononcé ces paroles sans réfléchir, seulement pour la consoler. Mais quand il vit se fixer sur lui ses yeux charmants, sincères, il les répéta cette fois de tout son cœur : « Je l’oublie tout à fait », pensa-t-il, et il se rappela l’événement attendu.

— Eh bien, est-ce bientôt ? Comment te sens-tu ? demanda-t-il en lui prenant les deux mains.

— J’y ai pensé tant de fois que maintenant je ne pense rien et ne sens rien.

— Tu n’as pas peur ?

Elle sourit.

— Nullement.

— Dans tous les cas, s’il arrive quelque chose, je suis chez Katavassov.

— Non, il n’y aura rien ; je ne le crois pas. J’irai me promener avec papa sur le boulevard. Nous irons chez Dolly. Je l’attends avant le dîner. Ah oui ! Tu sais que la situation de Dolly est absolument impossible ? Elle a des dettes de tous les côtés, elle n’a pas d’argent. Hier nous en avons causé avec maman et Arsène (elle appelait ainsi le mari de sa sœur, Lvov) et nous avons décidé de le lancer avec toi sur Stiva. Cela ne peut pas durer. Avec papa il n’y a pas moyen d’en causer. Mais si toi et lui…

— Mais que pouvons-nous faire ?

— Cependant, va chez Arsène, cause avec lui, il te dira ce que nous avons décidé.

— Je suis d’avance de l’avis d’Arsène sur tous