Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/245

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toucher quelqu’un. J’avais tant d’occupations qu’il m’était difficile de savoir au juste quand je pourrais quitter Moscou. Et chez vous, rien de nouveau ? demanda-t-il en souriant. Vous jouissez du bonheur, loin du mouvement, dans votre doux refuge. Et notre ami Feodor Vassilievitch que voici est enfin venu.

— Mais je ne suis pas nègre. Je vais me laver et je ressemblerai à un homme blanc, dit Katavassov, avec sa façon habituelle de plaisanter, en tendant la main, et montrant dans un sourire ses dents d’autant plus éblouissantes que son visage était plus noir.

— Constantin sera très heureux. Il est allé dans les champs. Il ne doit pas tarder à rentrer.

— Alors il s’occupe toujours à faire valoir ? demanda Katavassov. Nous autres, en ville, nous ne voyons rien en dehors de la guerre serbe ; comment mon ami l’envisage-t-il ? Probablement pas comme les autres ?

— Oh non ! comme tout le monde, répondit Kitty un peu confuse, en regardant Serge Ivanovitch… Je vais l’envoyer chercher. Nous avons un hôte, notre père, qui est arrivé récemment de l’étranger.

Kitty donna l’ordre d’aller chercher Lévine, et conduisit ses hôtes, l’un dans le cabinet de travail, l’autre dans la chambre à coucher de Dolly, pour qu’ils pussent se débarrasser de la poussière dont ils étaient couverts ; puis elle commanda le déjeu-