Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/246

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ner, heureuse de se mouvoir librement après la longue immobilité que lui avait imposée sa grossesse ; elle revint ensuite sur le balcon.

— C’est Serge Ivanovitch et Katavassov, le professeur, dit-elle.

— C’est bien dur par une pareille chaleur, dit le prince.

— Non père, il est charmant, et Kostia l’aime beaucoup, reprit Kitty en souriant et en manière de prière, car elle avait saisi une expression railleuse sur le visage de son père.

— Mais je n’ai rien…

— Va les trouver, ma chérie, dit Kitty à sa sœur, et occupe-les. Ils ont vu Stiva à la gare ; il se porte très bien. Moi, je cours chez Mitia. Je ne lui ai pas donné le sein depuis le thé. Il doit être éveillé, et probablement il crie.

Et sentant la montée du lait, elle se rendit à pas rapides dans la chambre de l’enfant.

Elle n’avait pas à deviner, (son lien avec l’enfant n’était pas encore rompu), elle savait d’une façon certaine, par le mouvement de son lait, que l’enfant avait besoin de nourriture.

Avant même d’arriver à la chambre, elle savait que l’enfant criait. En effet il criait. Elle l’entendit et pressa le pas. Mais plus elle se hâtait, plus il criait. Sa voix était bonne et forte, mais affamée et impatiente.

— Crie-t-il depuis longtemps ? demanda rapide-