Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/269

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« Bientôt une heure et on n’a commencé que la troisième meule », pensa Lévine. Il s’approcha de l’ouvrier et, criant fort pour surmonter le bruit de la machine, il lui ordonna de régulariser le mouvement.

— C’est trop à la fois, Feodor ! Tu vois, il y a des arrêts. Il faut régulariser.

Feodor, noir de la poussière collée à son visage en sueur, cria quelque chose en réponse, sans faire ce que Lévine demandait.

Lévine s’approcha de la machine, écarta Feodor, et se mit à introduire le blé lui-même.

Après avoir travaillé avec l’ouvrier jusqu’à l’heure du repas, il sortit de la grange et, s’arrêtant près d’une meule jaune de seigle, se mit à lui parler.

L’ouvrier était d’un village lointain, où Lévine, autrefois, avait distribué sa terre sur le principe de l’artel. Maintenant, il l’affermait.

Lévine causa avec Feodor de cette terre et lui demanda si pour l’année prochaine, Platon, un paysan riche et honnête, de ce même village, ne la prendrait pas.

— C’est trop cher. Platon n’y trouverait pas son compte, Constantin Dmitritch, répondit le paysan en arrachant des brindilles d’herbes accrochées à sa poitrine en sueur.

— Mais comment Kirilov s’arrange-t-il ?

— Mituka ? (Feodor désigna ainsi avec mépris le paysan qui affermait la terre), lui, Constantin Dmi-