Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/284

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dépit ; et aussitôt, avec tristesse, il constata combien était erronée sa supposition que son nouvel état d’âme resterait inaltéré au contact de la réalité.

À un quart de verste de la maison, Lévine aperçut Gricha et Tania qui couraient à sa rencontre.

— Oncle Kostia ! voilà maman qui vient et grand-père et Serge Ivanovitch et encore quelqu’un, dirent-ils, en montant dans le cabriolet.

— Qui ?

— Un monsieur terrible, qui remue tout le temps les bras, tiens, comme ça ! répondit Tania, imitant Katavassov.

— Est-il vieux ou jeune ? demanda en riant Lévine, à qui l’imitation de Tania rappelait quelqu’un.

« Si c’est lui, ce n’est pas un homme désagréable ? » pensa Lévine.

Au tournant de la route, Lévine aperçut ceux qui venaient à sa rencontre et reconnut Katavassov, en chapeau de paille, qui marchait vraiment en agitant les bras comme l’avait représenté Tania.

Katavassov aimait beaucoup à parler philosophie, il en parlait en naturaliste qui ne s’en est jamais occupé, et à Moscou, à son dernier séjour, Lévine avait souvent discuté avec lui. La première chose que se rappela Lévine, après l’avoir reconnu, ce fut une de ces conversations dans laquelle Katavassov se croyait sûr d’avoir remporté la victoire.

« Non, désormais je ne discuterai pas, et pour