Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/285

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rien au monde je n’exposerai mes idées à la légère », pensa-t-il.

Lévine descendit de cabriolet, salua son frère et Katavassov, puis demanda où était sa femme.

— Elle est allée avec Mitia à Kolok (c’était le bois attenant à la maison). Elle a voulu l’installer là-bas, car dans la maison il fait trop chaud, dit Dolly.

Lévine avait toujours déconseillé à sa femme de porter l’enfant dans le bois, trouvant cela dangereux ; cette nouvelle lui était donc désagréable.

— Elle se déplace avec lui d’un endroit à l’autre, dit en souriant le vieux prince. Je lui ai conseillé de le porter à la cave.

— Elle voulait aller au rucher. Elle te croyait là. Nous y allions, dit Dolly.

— Eh bien, que fais-tu ? lui demanda Serge Ivanovitch qui, s’écartant des autres, marchait à côté de son frère.

— Bah ! rien de particulier… comme toujours… Je m’occupe à faire valoir, répondit Lévine. Et toi ! Es-tu venu pour longtemps ? Il y a si longtemps que nous t’attendons.

— Pour deux semaines. Il y a trop à faire à Moscou !

À ces mots les regards des deux frères se rencontrèrent, et malgré son désir, en ce moment particulièrement fort, d’être en relations amicales et surtout simples avec son frère, il se sentit gêné de