Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/31

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points d’avec les économistes, il avait sa théorie à lui sur le salaire, qu’il exposa à Lévine.

Lévine écoutait sans grand intérêt. Au commencement il fit quelques objections ; il voulait interrompre Métrov et exposer son idée qui, selon lui, devait rendre inutile la discussion. Mais ensuite, se rendant compte qu’ils étaient d’avis si opposés qu’ils ne se comprendraient jamais, il ne fit plus d’objections et se contenta d’écouter. Il ne trouvait plus aucun intérêt aux paroles de Métrov, cependant il éprouvait un certain plaisir à l’entendre. Son amour-propre était flatté de ce qu’un tel savant lui exposât si volontiers ses idées, avec tant de foi en sa compétence que parfois il se contentait d’une allusion pour indiquer tout un point de la question. Lévine attribuait cela à sa propre valeur, ignorant que Métrov, après avoir parlé de ce sujet à tous ses intimes, en causait volontiers à chaque nouvelle connaissance, et, en général, aimait à discourir avec n’importe qui sur le thème qui l’occupait, et qui n’était pas encore très clair à lui-même.

— Je crains que nous ne soyons en retard, dit Katavassov en regardant l’heure, dès que Métrov eut terminé son exposé.

— Oui, aujourd’hui il y a séance à la Société des Amateurs, à cause du jubilé en l’honneur des cinquante ans de Svintitch, répondit-il à la question de Lévine. Nous devons y aller avec Pierre Ivano-