Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol18.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Tu ne connais pas même ce mot ! C’est un mot de cercle. Tu sais, quand on fait rouler des œufs, si on en prend beaucoup, alors c’est qu’on devient schlupik. Ce sera bientôt mon tour. On va au cercle, on va, et on devient schlupik. Oui, tu ris toi, tandis que moi je le regarde et pense que je serai bientôt schlupik. Tu connais le prince Tchestchenski ? demanda le vieux prince ; et Lévine comprit à son visage qu’il allait raconter quelque chose de très drôle.

— Non, je ne le connais pas.

— Il est très connu. Mais qu’importe. Il joue toujours au billard ici. Il y a trois ans, il n’était pas encore schlupik et faisait le brave et appelait les autres schlupik. Un soir, il arrive, et demande à notre suisse, tu le connais, Vassili, un brun, gros, qui dit souvent de bons mots… — « Eh bien, Vassili, qui est arrivé ? Y a-t-il des schlupik ? » et Vassili lui répondit : — « Oui, monsieur, vous êtes le troisième. » Eh oui, mon cher, c’est comme ça !

Tout en causant et saluant les connaissances qu’ils rencontraient, Lévine et le vieux prince traversèrent toutes les salles : le grand salon où les tables étaient déjà ouvertes et où les jeux étaient de peu d’importance ; le divan où l’on jouait aux échecs ; là, Serge Ivanovitch causait avec quelqu’un ; la salle de billard où autour du canapé s’était formé un groupe très animé qui buvait du champagne : Gaguine en était.