Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/248

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telle manière, de le conduire là où il était. Elisée ne parut point pour le coucher. Efim, poursuivant sa route, demandait à chacun s’il n’avait pas vu un petit vieillard tout chauve. Personne ne l’avait vu. Efim s’étonna et continua seul son chemin. « Nous nous rencontrerons quelque part à Odessa, ou sur le bateau », pensait-il.

Et il n’y songea plus.

En route, il rencontra un pèlerin. Ce pèlerin, vêtu de bure, avec de longs cheveux, était allé au Mont Athos, et faisait déjà pour la seconde fois le voyage de Jérusalem. Ils se rencontrèrent dans une auberge, lièrent conversation et firent route ensemble. Ils arrivèrent sans incident à Odessa. Là, ils attendirent le bateau pendant trois jours, en compagnie d’une foule de pèlerins. Il en venait de tous les côtés. Efim s’informa d’Elisée ; personne ne l’avait vu.

Efim prit un passeport pour l’étranger, ce qui lui coûta cinq roubles, paya quarante roubles pour son billet d’aller et retour, et acheta du pain et des harengs pour la route. Le bateau une fois chargé, les fidèles, et avec eux Tarassitch et le pèlerin, s’embarquèrent.

On leva l’ancre et l’on partit. La journée fut bonne, mais, vers le soir, un grand vent s’éleva ; la pluie se mit à tomber, les vagues balayaient, inondaient le bateau. Les hommes avaient peur, les femmes pleuraient, quelques passagers couraient