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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/280

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sant dans la main une pièce de vingt kopeks ; prends pour dégager le châle.

La femme se signa : Avdieitch fit de même, puis il la reconduisit. Et la femme s’en alla.

Après avoir mangé sa soupe aux choux, Avdieitch se remit au travail. Tout en tirant l’alène, il ne quittait pas de l’œil la fenêtre ; et chaque fois qu’une ombre se profilait, il levait les yeux pour regarder qui passait. Il connaissait certains des passants, d’autres point ; mais ceux-ci n’avaient rien de particulier. À un moment, il vit s’arrêter, juste en face de sa fenêtre, une vieille femme, une marchande ambulante, qui tenait à la main un petit panier de pommes. Il n’en restait plus guère ; elle avait dû vendre les autres. Elle portait sur son dos un sac de menu bois, ramassé sans doute dans quelque chantier, et s’en retournait chez elle. Fatiguée, probablement, elle voulut changer le sac d’épaule. Elle le posa à terre, mit le panier de pommes sur une poutre et tassa le bois. Pendant qu’elle était ainsi occupée, un gamin en casquette déchirée, venu on ne sait d’où, chipa une pomme dans le panier et voulut se sauver. Mais la vieille s’en était aperçue. Elle se retourna et empoigna le gamin par la manche. L’enfant se débattit, mais elle le maintint des deux mains, lui arracha sa casquette, et lui tira les cheveux. Le gamin hurle, la femme glapit. Avdieitch, sans prendre le temps de piquer son alène, la jette par terre et court à la