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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/284

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songe de la veille ; et, aussitôt, il crut entendre remuer derrière lui. Il se retourna. Il lui sembla voir des gens dans le coin… C’étaient bien des gens, mais il ne pouvait les distinguer. Et une voix lui murmura à l’oreille :

— Martin ! Eh ! Martin ! Ne me reconnais-tu pas ?

— Qui es-tu ? fit Avdieitch.

— Mais c’est Moi ! dit la voix ; c’est Moi !

Et c’était Stépanitch, qui, surgissant de l’ombre, lui sourit, se dissipa comme un nuage et disparut.

— Et c’est Moi, aussi ! fit une autre voix.

Et du coin obscur surgit la femme avec l’enfant. La femme sourit, l’enfant sourit ; puis tous deux disparurent.

— Et c’est Moi aussi ! fit une autre voix.

Et surgit la vieille, avec l’enfant tenant une pomme. La vieille et l’enfant sourirent, puis disparurent.

Et Avdieitch se sentit tout joyeux. Il se signa, mit ses lunettes, et lut l’Évangile à la page où il s’était ouvert.

Dans le haut de la page il lut :

« … Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez recueilli. »

Et au bas de la page :

« … Je vous dis en vérité, qu’en tant que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, vous me les avez faites. »