Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/319

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— Ne m’assomme pas et je ferai tout ce que tu voudras.

— Et que feras-tu pour moi ?

— Tu n’as qu’à parler ; tout ce qu’il te plaira.

Ivan se gratta la tête.

— Mon ventre me fait mal. Peux-tu me guérir ?

— Oui, dit-il.

— Eh bien ! Guéris-moi.

Le diablotin se pencha sur le sillon, fouilla, fouilla avec ses griffes, retira une racine à trois pointes, et la tendit à Ivan.

— Tiens, dit-il ; il suffit d’avaler une seule de ces pointes pour que tout mal disparaisse.

Ivan arracha une des trois pointes, l’avala et aussitôt son ventre fut guéri.

Le diablotin recommença à supplier.

— Maintenant, laisse-moi, dit-il. Je vais m’enfoncer sous la terre, et ne m’y promènerai plus.

— Eh bien ! Va à Dieu ! dit Ivan.

Et aussitôt qu’Ivan eut prononcé ce nom, le diablotin s’enfonça dans la terre comme une pierre au fond de l’eau.

Il n’en resta qu’un trou.

Ivan cacha dans son bonnet les deux autres pointes de la racine et se remit à labourer. Il termina la bande, renversa la charrue et s’en retourna au logis. Il détela, rentra dans l’izba et vit son frère aîné Simon le Guerrier, assis à table avec sa femme pour souper. On lui avait confisqué ses