Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/333

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et Ivan se mit à l’œuvre. Il secoue une gerbe, et voilà une compagnie ; il secoue une autre gerbe ; en voilà une autre. Et il en sort tant que le champ en est rempli.

— Eh bien ! En as-tu assez ? dit-il.

Simon était content :

— Assez. Merci, Ivan.

— C’est bien, dit-il. Et quand tu en auras besoin, je t’en ferai d’autres. Cette année il y a beaucoup de paille.

Simon le Guerrier donna ses ordres à l’armée, la groupa dans les règles et s’en fut guerroyer. À peine était-il parti qu’arriva Tarass le Ventru. Lui aussi venait d’apprendre ce qui s’était passé la veille. À son tour il demanda à son frère :

— Dis-moi où tu prends l’or ? Si je pouvais m’en procurer aussi aisément que toi, je pourrais avec cet or amasser tout l’or du monde entier.

— Vraiment ! s’étonna Ivan. Que ne le disais-tu plus tôt ! Je vais t’en donner autant que tu voudras.

Le frère se réjouit :

— Donne-m’en au moins trois tamis.

— Soit, dit-il. Allons dans la forêt. Attelle donc un cheval, autrement tu ne pourrais tout emporter.

Ils partirent dans la forêt. Ivan frotta les feuilles de chêne entre ses mains et lui amoncela un grand tas d’or.

— En as-tu assez ?

Tarass était content.