Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/334

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— C’est assez pour le moment. Merci, Ivan.

— C’est bien, dit-il. Quand tu en auras encore besoin, viens, je t’en frotterai d’autres. Il y a beaucoup de feuilles.

Tarass le Ventru en remplit toute une charrette et s’en fut trafiquer.

Les deux frères sont partis : Simon guerroie, Tarass trafique. Simon le Guerrier conquiert tout un royaume ; Tarass le Ventru amasse beaucoup d’argent. Les deux frères se rencontrèrent. Simon avoua à Tarass d’où il avait tiré ses soldats, et Tarass lui dit d’où il tenait son argent. Et Simon le Guerrier dit à son frère :

— Moi, je me suis conquis un royaume et je vis très bien. Seulement, je n’ai pas assez d’argent pour nourrir mes soldats.

Et Tarass le Ventru dit à son tour :

— Moi, j’ai gagné beaucoup d’argent, et mon seul chagrin c’est de n’avoir personne pour le garder.

— Allons chez notre frère, proposa Simon le Guerrier. Moi je lui dirai de me faire d’autres soldats, je te les donnerai pour garder ton argent, et toi, tu lui demanderas de te frotter d’autre argent, et tu me le donneras pour nourrir mes soldats.

Tous deux s’en furent chez Ivan. Ils arrivèrent. Et Simon lui dit :

— Je n’ai pas assez de soldats, mon frère, refais-m’en d’autres, au moins avec deux gerbes.