Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/457

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui servez aussi le Seigneur, et vous apporter, si je le puis, la bonne parole.

Les vieillards restèrent silencieux et sourirent en se regardant.

— Dites-moi comment vous faites votre salut et comment vous servez Dieu ? continua l’archevêque.

Le vieillard du milieu soupira et jeta un regard sur le tout petit vieux. Le grand vieillard s’assombrit et regarda aussi le tout petit vieux. Celui-ci sourit et dit :

— Serviteur de Dieu, nous ne pouvons servir que nous-mêmes en gagnant notre pain.

— Mais alors comment priez-vous ? demanda l’archevêque.

— Voici notre prière : « Vous êtes trois, nous sommes trois. Faites-nous grâce. »

Aussitôt que le petit vieillard eut prononcé ces paroles, tous les trois levèrent les yeux au ciel et répétèrent : « Vous êtes trois, nous sommes trois… Faites-nous grâce. »

L’archevêque sourit et dit :

— C’est la Sainte Trinité, dont vous avez entendu parler. Mais ce n’est pas ainsi qu’il faut prier. Bons vieillards, je vous ai pris en affection ; je vois que vous voulez être agréables au Seigneur, mais vous ignorez comment il faut le servir. Ce n’est pas ainsi qu’il faut prier. Je vais vous l’apprendre. Écoutez-moi. Ce que je vais vous apprendre, ce n’est pas moi qui l’ai inventé, c’est