Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

expérimentales, à la limite extrême desquelles se trouvent les mathématiques.

Les sciences de l’autre groupe admettent la question, mais n’y répondent pas. C’est le groupe des sciences spéculatives ; à leur limite extrême se tient la métaphysique.

Depuis ma première jeunesse, les sciences spéculatives m’intéressaient ; puis ce furent les sciences mathématiques et naturelles qui m’attirèrent ; et, jusqu’à ce que ma question se posât clairement devant moi, tant qu’elle ne se formula pas d’elle-même en moi, exigeant constamment une solution, jusque-là je me contentai de ces semblants de réponses que donne la science.

Tantôt, dans le domaine des sciences expérimentales, je me disais : « Tout se développe, se différencie, marche vers la complexité et le perfectionnement, et il y a des lois qui guident cette marche. Toi, tu es une partie de l’entier. Ayant compris l’entier, autant que possible, et la loi du développement, tu comprendras aussi ta place dans cet entier et tu te comprendras toi-même. » Quelque honte que me coûte cet aveu, il fut un temps où je paraissais me satisfaire de cette réponse. C’était le temps où moi-même je me développais et me compliquais. Mes muscles grandissaient et se fortifiaient ; ma mémoire s’enrichissait ; la capacité de la pensée et de la compréhension augmentait. Je croissais et me