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IX

La contradiction qui résultait de tout cela n’avait que deux issues : ou ce que j’appelais la raison n’était pas aussi raisonnable que je le pensais, ou ce qui me semblait déraisonnable ne l’était pas autant que je me le figurais. Et je me mis à contrôler la marche de mes raisonnements sur ma science raisonnée.

Soumis à ce contrôle, mon raisonnement me paraissait tout à fait exact. La conclusion que la vie n’est rien était inévitable. Mais j’aperçus mon erreur : j’avais raisonné sans me conformer à la question que j’avais posée.

La question était celle-ci : Pourquoi dois-je vivre, c’est-à-dire quel sera le résultat vrai, indestructible de ma vie éphémère et destructible ? Quel sens a mon existence limitée dans cet univers infini ?