Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vie ? Et la réponse : le mal, étaient parfaitement correctes. Il était seulement inexact de rapporter à la vie, en général, une réponse qui ne se rapportait qu’à moi seul. Je me demandais ce qu’était ma vie, et je recevais pour réponse : un mal, une stupidité.

Et en effet, ma vie, une vie de plaisir, de luxe, était stupide et mauvaise. C’est pourquoi la réponse : La vie est un mal et une stupidité, ne se rapportait qu’à ma vie propre et non à la vie humaine, en général. Je compris cette vérité, que je trouvai ensuite dans l’Évangile : que les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leurs actes étaient mauvais. Celui qui commet de mauvaises actions fuit la lumière et ne marche pas vers la lumière, afin que ses actes ne soient point dénoncés. Je compris que, pour saisir le sens de la vie, il faut avant tout que la vie ne soit pas insensée et mauvaise, alors la raison pourra le découvrir. Je compris pourquoi j’avais tourné si longtemps autour d’une vérité si évidente, et que si l’on veut penser à la vie de l’humanité, en parler, il faut penser et parler de la vie de l’humanité et non de la vie de quelques parasites humains. Cette vérité a toujours été aussi incontestable que 2 et 2 font 4 ; mais je ne la reconnaissais pas, car ayant admis que 2 et 2 font 4, j’aurais dû reconnaître aussi ma méchanceté. Or, me sentir bon était plus nécessaire et plus important pour moi que de