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XXVIII

À LA CAMPAGNE


Le lendemain, moi et Volodia partîmes en poste pour la campagne. En route, en repassant dans ma tête divers souvenirs de Moscou, je me rappelai Sonitchka Valakhina, mais il faut l’avouer, au soir seulement, quand nous avions déjà passé cinq stations. « Cependant c’est étrange, qu’étant amoureux j’aie pu l’oublier ; il faut penser à elle ». Et je me mis à penser à elle comme on pense le long de la route, c’est-à-dire, sans suite, mais avec intensité, et j’y songeais à tel point, qu’arrivé à la campagne, je crus nécessaire, pendant deux jours, de paraître triste et pensif devant tous les familiers et surtout devant Katenka que je considérais comme très connaisseuse en choses de ce genre et à qui je fis des allusions à l’état de mon cœur. Mais malgré tous mes efforts pour feindre devant les autres et moi-même, malgré l’adaptation intentionnelle de tous les indices que j’avais