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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/293

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les soucis d’argent. Bien que placé sur un échelon social inférieur, il n’y avait pas de choses envers quoi il n’eût, et le prouvait, comme du mépris, de l’indifférence, de la négligence provenant de sa trop grande facilité à faire ce qu’il voulait. Il semblait se donner avec ardeur à tout ce qui était nouveau, mais dès qu’il avait atteint son but, il le méprisait, et sa nature bien douée atteignait toujours le but et acquérait par suite le droit de mépriser. Pour les sciences, c’était la même chose : les travaillant très peu, en ne prenant pas les cours, il savait remarquablement les mathématiques, et ne se vantait pas en disant qu’il pourrait coller le professeur. Il trouvait beaucoup de bêtises dans ce qu’on enseignait, mais avec la ruse consciente et pratique qui était dans sa nature, il s’accommodait de ce qui était nécessaire aux professeurs et tous ceux-ci l’aimaient. Il était loyal dans ses relations avec les autorités, mais les autorités l’estimaient. Non seulement il n’estimait et n’aimait pas les sciences, mais il méprisait même ceux qui s’en occupaient sérieusement, comme d’une chose qui, pour lui, était trop facile.

Les sciences, comme il les comprenait, n’absorbaient pas la dixième partie de ses facultés, sa vie d’étudiant ne lui offrait rien à quoi il pût s’adonner tout entier, et sa nature ardente, active, exigeait la vie, comme il disait ; aussi se jetait-il dans l’orgie autant que le lui permettaient ses