Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/35

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se renfrogna et feignant quelque malaise, sortit de la chambre. Je la suivis. Elle s’arrêta au salon, et au crayon, elle ajouta quelque chose sur le papier.

— Quoi, tu as encore fait un nouveau péché ? lui demandai-je.

— Non, ce n’est rien, comme ça, répondit-elle en rougissant.

À ce moment, on entendit de l’antichambre la voix de Dmitri, qui disait adieu à Volodia.

— Voilà, pour toi tout est tentation — dit Katenka en entrant dans la chambre et s’adressant à Lubotchka.

Je ne pouvais comprendre ce qui se passait avec ma sœur : elle était si confuse que des larmes perlèrent de ses yeux, et sa confusion arrivant au second degré se transformait en dépit contre elle-même et contre Katenka, qui évidemment l’agaçait.

— On voit bien que tu es une étrangère (rien ne blessait davantage Katenka que ce mot « étrangère », et c’est précisément dans cette intention que l’employait Lubotchka) devant un tel sacrement — continuait-elle en s’emportant — tu me troubles exprès… tu devrais comprendre que c’est loin d’être une plaisanterie.

— Sais-tu, Nikolenka, ce qu’elle a écrit ? — répartit Katenka, blessée d’avoir été appelée étrangère : — elle a écrit…

— Je ne t’aurais jamais crue si méchante ! —