Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/104

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Les vérités que nous avons exposées jusqu’ici, vérités ayant pour objet Dieu, unique dans son essence et ses attributs essentiels, n’embrassent pas tout ce que le christianisme nous enseigne par rapport à Dieu. En nous bornant à reconnaître l’unité de Dieu, nous n’avons point encore le droit de nous dire chrétiens : l’unité de Dieu est professée aussi par les juifs, qui refusent de reconnaître le Christ Sauveur pour le Messie promis et rejettent la religion chrétienne ; elle est également professée par les Mahométans ; elle l’a été et l’est encore par une foule d’hérétiques anciens et modernes, dans le sein même de la chrétienté. La doctrine complète du christianisme sur ce point capital, cette doctrine qu’il faut nécessairement conserver dans son cœur et professer de bouche pour mériter le nom de chrétien, consiste en ce que Dieu est unique et triple : unique par son essence, triple en hypostases (p. 193).

Que signifie cela ? Tous les attributs divins énumérés dans ce chapitre sur l’essence de Dieu, comme l’infini, l’immensité et les autres, excluent la conception de la personne. Le fait que Dieu est esprit est encore moins d’accord avec les personnes. Que signifie donc « en personnes ? » Il n’y a pas de réponse, et l’exposition se poursuit ;

Cette doctrine constitue le premier des dogmes proprement chrétiens ; il sert de base aux dogmes concernant notre Rédempteur le Seigneur Jésus-Christ et notre Sanctificateur, l’Esprit-Saint, et plus ou moins à tous les autres qui touchent à l’économie de notre salut ; de sorte qu’on ne peut le rejeter sans rejeter du même coup tous les dogmes qui sont posés sur ce fondement.

D’ailleurs, en confessant que Dieu est unique par son essence et triple en hypostases… (p. 193).