Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/113

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dogme, les uns niant la trinité des personnes en Dieu, les autres reconnaissant trois Dieux (p. 200).

De nouveau les uns disaient noir, les autres blanc. Les uns et les autres ont tort. Et nous disons : le noir est blanc ; le blanc est noir. Et pourquoi cela ? Parce que l’Église l’a dit, c’est-à-dire la tradition des hommes qui croient en cette même tradition. Voici la conception des « hérétiques » qui niaient la trinité :

Déjà du temps des apôtres, Simon le Magicien, qui enseignait que le Père, le Fils et le Saint-Esprit n’étaient que des manifestations et des formes d’une seule et même personne ; que le seul vrai Dieu s’était révélé comme Père aux Samaritains, comme Fils, en Jésus-Christ, aux Juifs, comme Saint-Esprit aux païens. Au onzième siècle, Praxée soutenait que le seul vrai Dieu était Père, en tant que caché, mystérieux, concentré en Lui-même, et Fils ou Christ, en tant que manifesté dans l’œuvre de la création d’abord, puis dans celle de la Rédemption. Au troisième siècle parurent Noet, reconnaissant aussi le père et le Fils pour une seule et même personne, pour le seul vrai Dieu qui s’incarna, souffrit et mourut ; Sabellius, enseignant que le Père, le Fils et le Saint-Esprit n’étaient que trois noms ou trois actes (ἐνέργειαν) d’une seule et même personne de Dieu, qui s’était incarné et avait souffert la mort pour nous ; Paul de Samosate, pensant que le Fils et le Saint-Esprit n’étaient en Dieu que ce que sont en l’homme la raison et la force ou la puissance. Au quatrième siècle, Marcellus d’Ancyre et son disciple Photius, prêchèrent, à l’exemple de Sabellius, que le Père, le Fils et le Saint-Esprit n’étaient point autre chose que les dénominations d’une seule et même personne en Dieu ; comme Paul de Samosate que le Fils ou le Verbe était l’esprit