Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/138

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aller à Dieu et me suis engagé dans une boue puante et cela ne fait que provoquer en moi les sentiments que je redoute le plus : le dégoût, la colère, l’indignation.

Dieu, Dieu incompréhensible, mais existant, Dieu par la volonté de qui je vis ! Tu as introduit en moi cette aspiration à te connaître et à me connaître. J’ai erré, j’ai cherché la vérité là où elle n’était point. Je savais que j’errais. J’assouvissais mes mauvaises passions tout en les sachant mauvaises, mais je ne t’oubliais jamais. Je t’ai senti toujours, même dans mes pires moments. J’ai failli périr t’ayant perdu. Mais tu m’as tendu la main. Je l’ai saisie et la vie s’est éclairée pour moi. Tu m’as sauvé, et je ne cherche maintenant qu’à m’approcher de toi, à te comprendre, si possible. Aide-moi, instruis-moi. Je sais que je suis bon, que j’aime, que je désire aimer le genre humain, aimer la vérité. Toi, Dieu d’amour et de vérité, rapproche-moi encore de toi, révèle-moi tout ce que je puis comprendre de moi et de toi.

Et ce Dieu bon, ce Dieu de vérité, me répond par la bouche de l’Église : « Dieu est unité, Dieu est trinité ! » « Ô glorieuse relation ! »

Mais allez à votre père, à satan, vous qui avez pris la clef du royaume du ciel, n’y entrez pas et empêchez les autres d’y entrer ! Ce n’est pas de Dieu que vous parlez, mais de quelque chose d’autre.